La Marche brume Tome 1 - Le Souffle des choses - Stéphane Fert

Un jour, la Brume, noire et épaisse comme de l’encre, a tout emporté, tout englouti… sauf la petite ogresse Tempérance. Sauvée par une puissante sorcière, la fillette a grandi dans la montagne, au milieu de vieilles femmes.

Mais, dix-huit ans plus tard, la Brume se déploie de nouveau et frappe durement la communauté… Jouant avec habileté et humour des stéréotypes du monde de la sorcellerie,

Je tiens à préciser que mon avis reste objectif, comme toujours. Il s'agit certes d'un envoi de l'auteur, mais j'ai pour principe de rester objective et impartiale, par respect pour moi-même et pour l'auteur. Un grand merci tout particulier à l'auteur pour cet envoi. Maintenant que tout cela est précisé, passons à la critique :)

⁠Voici une BD qui m’a laissée bien songeuse... la dernière page refermée, difficile de mettre un mot dans ce que j’ai ressenti : un mélange de déception et de contrariété, face à un potentiel bien présent mais, selon moi, pas assez bien exploité. Mais voyons tout cela ensemble.

Concernant la couverture, je n’ai que du positif à en ressortir : ce mélange entre le gris et le rose est du plus bel effet ; ainsi, cette illustration montrant Tempérance (notre héroïne), avec tous ces détails (ces arbres, ces ombres, cette fumée, etc.), fait plus que le job : elle oriente le futur lecteur ; elle lui dit haut et fort : « Bienvenue dans mon royaume » !On sent qu’on va rentrer dans une ambiance unique, un monde de sorcières, de magie, d’ombres et de créatures maléfiques. Là-dessus, c’est un sans-faute !

C’est plutôt dans le contenu qu’arrivent les premières critiques et que subsistent les plus gros contrastes. En effet, une première déception se forme rapidement avec les dessins, si originaux et si étranges, mais hélas trop souvent brouillons et à la limite (de temps à autre) du grossier. C’est là une sensation étrange que d’être tantôt émerveillée par certains dessins et des couleurs captivantes, puis d’être gênée par la grossièreté de certains traits et l’incompréhension de trop nombreuses bulles, notamment pendant l’action. 

Bien sûr, cela crée un style, une atmosphère vraiment unique, et l’on ressent tout le travail graphique, mais il y a une limite hélas dépassée (à mon goût) puisque cela nuit trop souvent à la compréhension du récit. Une deuxième déception se forme sur le scénario, dont le potentiel bien réel semble n’avoir été que partiellement exploité. Ainsi, une ogresse (Tempérance) est sauvée de la mortelle brume noire par une sorcière du nom de Grisette, qui la recueille dans sa communauté de sorcières très atypiques ; Tempérance grandit avec elles, en ne connaissant rien de ses vraies origines. Mais la brume finit par revenir des années plus tard pour tout détruire, ce qui va déclencher toute l’aventure et toutes les péripéties jusqu’à cette fin ô combien déroutante, qui nous fait presque nous sentir mal (et je pense que cela est voulu !). Je ne peux hélas vous en dire plus, mais j’ai personnellement trouvé le scénario un peu trop prévisible (l’héroïne qui découvre qui elle est vraiment, qui découvre ses pouvoirs...), et un peu trop sombre dans son ensemble (mais comment en vouloir à l’auteur, puisque cela est très certainement voulu ?). 

Alors oui, cela est atténué par un humour bien présent, qui fonctionne vraiment bien et qui allège l’ensemble d’un certain poids, mais la noirceur de ce livre est telle qu’on se sent presque déprimée à la fin du livre (j’abuse un peu, mais vous comprenez là où je veux en venir).

Pour conclure, on ne peut que constater la beauté graphique du produit dans son ensemble (notamment cette couverture) avec, hélas, un prix un peu excessif à mon goût (21,50 € !) qui pourra en rebuter plus d’un. Et que dire de toutes ces petites gênes, comme la grossièreté de certains dessins (sûrement volontaires, mais dont je n’accroche vraiment pas) et le manque de compréhension dans bien trop de bulles, surtout pendant l’action, qui m’a obligé à analyser les dessins en profondeur en quête désespérée d’une clé de compréhension ? Heureusement, des couleurs sublimes (malgré la pesante noirceur de l’ensemble) et un humour efficace, en plus de quelques idées scénaristiques intéressantes qui méritent d’être notées, viennent sauver l’ensemble, qui restera pour moi un gros potentiel pas assez exploité.

Je ne dis pas que cette BD est ratée, loin de là, mais juste que je n’ai pas complètement adhéré à la proposition graphique et scénaristique, qui laisse trop de place au contraste, à mon goût. Je m’en limiterai à une note plutôt moyenne, malgré la curiosité bien présente de voir ce qui se passera dans le

second tome.