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mardi 26 juin 2018

Les massacres de la république romaine - Nathalie Barrandon



L’exécution en masse des ennemis politiques à la fin de la République romaine illustra un mot inventé pendant les guerres de Religion : le massacre. Au XXe  siècle, la destruction de Carthage et les exterminations pratiquées en Gaule par César ont nourri la réflexion sur le génocide. En quoi ces considérations font-elles écho aux perceptions des Anciens  ?

Dans une analyse inédite des massacres perpétrés par les Romains entre le IIIe et le Ier siècle av. J.-C., Nathalie Barrandon plonge le lecteur au cœur de ces violences politiques et militaires. Récits littéraires, iconographie ou archéologie éclairent les conditions du passage à l’acte, les responsabilités, les choix opérés (tuerie, pillage, destruction matérielle, asservissement…) et dressent un portrait novateur de la société romaine. Car s’il n’y eut que peu de massacres, ces expériences de la violence de masse participèrent à l’élaboration d’un système de valeurs fondé sur le comportement des élites et leurs vices, donnant peu à peu matière à la figure du tyran.


Maître de conférences en histoire romaine à l’université de Nantes, Nathalie Barrandon est spécialiste de la République romaine, notamment de la vie politique, des guerres civiles et du gouvernement de l’empire.



C'est un sujet très peu abordé qu'il m'a été donné de lire, à une époque (trop) peu connue du grand public. Car si nous connaissons tous la civilisation romaine, son immense empire méditerranéen dont bon nombre d'empereurs sont restés dans la mémoire collective (souvent pour de mauvaises raisons, en pensant immédiatement à Néron), qui connait vraiment la République romaine (-509/-27), période qui précéda le couronnement du premier empereur Auguste ? Bien sûr, nous connaissons tous Jules César (-100/-44), sa Guerre des Gaules (-58/-51), sa mort brutale, la fameuse bataille d'Actium (-31), ou encore les guerres puniques (-264/-241 pour la première ; -218/-201 pour la deuxième ; -149/-146 pour la troisième). Mais ce que nous savons beaucoup moins, c'est que la République romaine a été une période de conquêtes intense et d'instabilité, où s'est mis peu à peu en place ce qui sera nommé plus tard l'Empire romain. Bien plus encore, cette période reste dans l'histoire d'une rare violence, que ce soit dans les conquêtes ou dans les multiples guerres civiles. Voilà les mots qui reviennent sans cesse pour caractériser cette période : Violence, conquêtes, dictatures, guerres, expansion... Massacres. C'est sur ce dernier mot que l'auteur a décidé d'écrire cet ouvrage, pour nous faire découvrir ou nous rappeler "la familiarité des Romains avec la violence".

N'attendez pas de moi une mauvaise note, car le sujet est très intéressant, très bien cadré, et appuyé par des sources sérieuses. Une telle démarche ne peut être violemment critiquée. Cependant, n'espérez pas non plus la note ultime, car trop de petites choses viennent ternir un formidable travail. Je vais maintenant m'expliquer.

Par où commencer ? Par les bonnes choses, parce que c'est cela qu'il avant tout mettre en avant. L'auteur, Nathalie Barrandon, nous livre là un beau pavé sur un thème vraiment cadré : les massacres de la République romaine ou plus précisément l'"Etude des massacres" de la République romaine. Cela concerne donc la période -509/-27 de l'Histoire romaine, qui est une période de conquêtes intenses et d'instabilité politique, où sont s'enchaîner de meurtrières guerres civiles. De la modeste région du Latium, le territoire romain va petit à petit conquérir toute l'Italie, puis une bonne partie du bassin méditerranéen, la Macédonie, l'Asie mineure ou encore la Gaule, tout cela en moins de 300 ans ! L'écriture est propre, la structure du livre très bien faite (Des récits aux faits ; Des faits aux jugements, autour de trois parties : Récits, Faits et Jugements), et les sources sur lesquelles l'auteur s'appuie sont sérieuses, puisqu'elle cite des grands noms de la littérature romaine, à savoir Plutarque, Tite-Live, Dion Cassius, Polybe, César ou encore Appien, qu'elle va comparer sur un même événement. Là-dessus, rien à redire : son travail semble titanesque (apparemment plus de 5 ans de recherches !), bien préparé, et j'ai appris beaucoup de choses, bien que connaissant plutôt bien cette période de l'histoire romaine. Ainsi, l'auteur connait son sujet, cela ne fait aucun doute, et voilà que je me prends à aimer mon début de lecture. J'en apprends plus sur certains événements, sur les détails d'épisodes sanglants, comme le massacre du Triumvirat en -43, opposant Octave, Marc Antoine et Lepide, la Guerre civile de -80 entre Marius et Sylla, la Guerre civile de -48, ou encore la prise de Carthagène en -209. J'en apprends plus sur les méthodes utilisées dans les massacres, comme par exemple un long siège ayant pour but d'assoiffer les assiégés, de propager la peste dans leurs rangs ou encore de les pousser au suicide. J'en apprends plus sur les massacres perpétrés à Enna (-213), à Orongis (-207), sur les Galates (-189) ou encore sur les Eburons (-54/-51), sur la mort de Ciceron et la proscription de -43. Bref, j'apprends, et cela est bon signe. Seulement, voilà qu'au fil de ma lecture, les choses se compliquent...

Permettez-moi d'illustrer ma deuxième partie sur un exemple personnel. À l'époque où je me perfectionnais sur la civilisation aztèque, j'avais lu un livre choc appelé "Très brève relation de la destruction des Indes", qui expliquait pendant 150 pages les massacres perpétués par les conquistadors durant leurs conquêtes. Lecture nécessaire, mais horrible, où on ne peut s'empêcher d'avoir le cœur lourd devant tant d’atrocités et de haine au nom d'une religion. Les moments sont lourds, les détails abondent, et un malaise s'installe bien malgré nous. Et bien cet ouvrage sur les massacres romains m'a rappelé ce livre, mais sur 430 pages interminables ! 430 pages de massacres en tout genre expliqués et détaillés, ou d'analyse sur cette violence romaine, c'est beaucoup trop... si le message premier de l'auteur était de nous dire que les romains étaient violents, alors 150-200 pages auraient suffi, puisque tout cerveau un minimum développé ne peut en douter. Citez-moi un peuple de l'antiquité non violent ? Citez-moi un peuple qui n'a pas commis de massacres ni de pillages sanglants ? Soyons un minimum lucides : les grandes civilisations conquérantes ne peuvent qu'être violentes, puisque leur puissance provient des conquêtes et des richesses qu'elles en extraient. Les romains de cette époque demeuraient des guerriers, et pour eux, autrui n'était qu'un "barbare" à exterminer. Il en a été de même pour les conquistadors lorsqu'ils ont pénétré les terres sud-américaines (au 16e siècle de notre ère !), de même pour les tout nouveaux "américains" face aux amérindiens bien plus légitimes sur les terres nord-américaines (au 19e siècle !), de même pour les assyriens lors de la destruction complète de Babylone par Sennacherib en -689, de même pour les Vikings qui pillaient les monastères sans défense dans le nord de l'Europe (Monastère de Lindisfarne en 793). Toutes les époques ont connu leur lot de "massacres", pour peu que l'on soit d'accord par la définition du mot...

J'émets donc un petit bémol à tout ce travail, qui a pour point de départ une intention pourtant louable : "Si une étude circonscrite aux massacres ne doit pas inciter à surévaluer leur place dans la guerre romaine, elle rend compte de leur récurrence, malgré des contextes différents."

Je suis donc désolée pour l'auteur, mais les "massacres" romains n'ont rien d'illogiques ni de nouveaux dans l'Histoire de l'Antiquité. Ils ne sont ni plus violents, ni plus inventifs, ni plus récurrents. Cela n'est en aucun cas excusable, mais le massacre fait partie intégrante de la guerre, de l'être humain, et l'Histoire humaine ne peut se résumer mieux que par la Guerre. Et pourtant, j'ai l'impression que ce livre est une longue étude critique sur les manières romaines en matière de tortures, de pillages et de tueries. Du moins, c'est comme cela que je l'ai ressenti, jusqu'à la conclusion vraiment réussie qui m'a laissé une dernière note plus agréable.

Là est le problème de ce bouquin (à mon humble avis bien sûr) : Pour qui s'adresse ce livre ? S'il s'adresse à un public large et néophyte, alors il est trop long et trop fastidieux, au point de ne pas pouvoir le finir s'en fournir un réel effort intellectuel (même moi, pourtant passionnée de tout ça, j'ai mis plus d'un mois pour lire 430 pages, vous rendez-vous compte ? Et encore, je me suis forcée plus d'une fois). S'il s'adresse à un public restreint et initié par le sujet, alors il n'a rien de révolutionnaire, puisque toute personne un minimum cultivée connaît la violence des romains et leur goût pour le sang. Au mieux, donc, ce livre permet d'illustrer cette violence avec des sources sérieuses et un travail intense, ce qui est déjà admirable. Je n'ai pas trouvé la réponse à ma question, que ce soit sur Internet ou même sur le site de la maison d'édition. J'ai senti à la fin de ma lecture un ouvrage entre les deux, à la fois accessible, bien fourni, mais aussi plus compliqué qu'il n'y paraît et par moment pompeux.

Au final, et pour conclure, je ne peux qu'applaudir le travail de l'auteur, qui a su expliquer des faits par des sources fiables et sérieuses, dans un style clair, ce qui n'est pas chose aisée. Est-ce que l'on apprend des choses ? Oui, clairement. Pour 23€, cela n'est pas un mauvais achat en soi. Mais plusieurs choses me gênent pour pouvoir vraiment l'apprécier à sa juste valeur : sa longueur et son but. Sa longueur parce que 430 pages est pour moi trop long et trop fastidieux pour un sujet qui traîne en longueur au fil des pages et qui éteint peu à peu tout l’intérêt du livre. Le néophyte stoppera sa lecture à la moitié, ennuyé et fatigué ; l'initié également, n'apprenant plus grand chose dans l'autre moitié. C'est du moins comme cela que je l'ai ressenti. Son but, parce que je n'arrive toujours pas à comprendre à qui s'adresse ce bouquin, entre l'étude scientifique et le livre de vulgarisation. Le plus gênant, c'est là où l'auteur veut nous emmener : Les romains étaient violents et ont perpétué des massacres, mais pas tant que ça. Bah, merci mais tout le monde le sait, du moins je l'espère. Malgré tout, cela reste une lecture nécessaire qui vient combler un sujet trop peu soulevé, alors merci aux éditions Fayard et merci à Mme. Barrandon pour ce beau travail, et juste dommage de ne pas avoir su le rendre plus concis et plus efficace. Malgré tout, bon ouvrage.

Voici quelques phrases qui ont retenu mon attention (entre autre) :

"Ni le rang, ni l'âge n'étaient une protection ; on mêlait le viol au meurtre, le meurtre au viol. Des vieillards d'un grand âge, des femmes dont la vie était presque achevée, méprisés comme butin, étaient traînés pour servir de jouet. Quand une vierge nubile ou un homme d'une belle tournure se rencontraient, ils étaient mis en pièces par les mains brutales qui cherchaient à les entraîner, et finissaient par provoquer entre les ravisseurs eux-mêmes un combat à mort."
Tacite, concernant le pillage de Crémone en -69

"On ne put savoir combien de personnes furent égorgées ; aujourd'hui encore, on estime le nombre qu'en se fondant sur l'étendue qui fut couverte par le flot de sang. Sans parler de ceux qui furent tués dans les autres quartiers, le sang versé sur l'agora envahit tout le Céramique jusqu'au Dipylon : il ruissela même, dit-on, à travers la porte et inonda les faubourgs."
Plutarque, concernant la prise d'Athènes par Sylla en -86


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