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mardi 4 octobre 2016

Mémoires de Géronimo - Recueillis par S. M. Barrett


 Auteur: Géronimo, S. M. Barrett

Editions:  La Découverte

Pages: 174

Prix: 8€

Date de parution: 18 août 2003

Style:  Histoire


Synopsis: En 1904, un "inspecteur général de l'éducation" de Lawton (Oklahoma) rencontre un vieil indien, prisonnier de guerre et déporté, loin de son Arizona natal, à Fort Sill où il terminait ses jours en cultivant des pastèques : il s'agissait du célèbre chef apache Geronimo qui avait tenu en respect victorieusement, des années durant, les meilleures troupes et les plus glorieux généraux des États-Unis. Des liens se nouèrent entre eux, sinon d’amitié (vu la méfiance légitime de l'Apache) du moins de respect mutuel. C'est ainsi que Geronimo accepta de raconter sa vie à S.M. Barrett, ce qui nous permet de lire aujourd'hui ce témoignage sur le génocide qui marqua la "conquête de l’Ouest".



MON AVIS
"Parce qu'il m'a donné la permission de raconter mon histoire ; parce qu'il a lu cette histoire et sait que j'ai essayé de dire la vérité ; parce que je crois qu'il a un esprit juste et qu'il veillera à ce qu'on fasse justice à mon peuple dans l'avenir ; et parce qu'il est le chef d'un grand peuple, je dédie l'histoire de ma vie à Théodore Roosevelt, président des États-Unis."

Comment rester insensible face à un tel récit, sorti de la bouche d'un des plus grands chefs indiens apache, Go Khla Yeh, surnommé Geronimo (1829-1909) par les mexicains ? Alors vaincu par les troupes américaines, il vit le reste de ses vieux jours au camp militaire de Fort Sill, en tant que prisonnier de guerre. Surtout, il parle... de sa vie, de son peuple, des envahisseurs blancs, que S.M. Barrett a compilé dans cet ouvrage d'une valeur désormais inestimable pour la mémoire des amérindiens. Et quel plaisir de tenir entre ses mains une traduction française de qualité, nous permettant, nous, français, d'avoir accès à ses paroles pour à peine 8 euros. On ne peut que remercier la démarche de l'éditeur, qui nous livre encore une fois un ouvrage de qualité.

LE PRODUIT
Quelques lignes sur le contenant, sobre mais parfaitement cohérent. L'ouvrage est relativement court (174 pages, dont plus de 40 pages de préface et d'introduction), les pages sont correctement aérées et la lecture confortable. La couverture est presque touchante, puisqu'il s'agit d'un portrait de Geronimo dans ses vieux jours, et je ne peux m'empêcher d'entrevoir dans son regard une certaine tristesse et nostalgie des jours passés où il était, lui et sa tribu toute entière, encore libre dans les vastes terres du Sud-Ouest des États-Unis. Bref, bonne impression sur le contenant. Passons maintenant aux choses sérieuses, c'est à dire au contenu.

LE CONTENU
Les paroles de Geronimo ont été compilées en quatre parties bien distinctes et relativement courtes : Les Apaches, Les Mexicains, Les hommes blancs & L'ancien et le nouveau.

La première partie est extrêmement intéressante, puisque Geronimo y raconte la cosmogonie selon les Apaches, et définit toutes les tribus apaches.

"Nous sommes en train de disparaître de cette terre et pourtant, je ne peux croire que nous sommes inutiles, sinon Usen ne nous aurait pas créés."

Puis il nous parle de son enfance, de sa tribu en particulier et de ses coutumes, de sa vie quotidienne, bref, de lui. Les pages défilent et mes yeux ne décollent pas tant ce qu'il y à dire est passionnant. Geronimo semblait alors heureux, libre, à sa place, en communion totale avec la Nature et parfaitement intégré dans sa tribu. Mais cet équilibre allait être cassé...

La deuxième partie est beaucoup plus dure et triste. On apprend que les mexicains ont tué sa mère, sa femme et ses enfants lors du même assaut

"Je n'avais pas d'armes, je ne pouvais pas me battre ni essayer de retrouver les corps de mes bien-aimés puisque c'était interdit. Je n'avais pas envie de prier et ne pus me résoudre à prendre une décision puisqu'il ne me restait plus rien."


"J'avais juré de me venger des troupes mexicaines qui m'avaient si cruellement traité et chaque fois que je passais près de la tombe de mon père ou que quelque chose me rappelait les jours heureux, mon cœur me faisait mal et criait vengeance."


Que voulez-vous rajouter de plus ? Guidé par la vengeance, Geronimo se rend à Arispe et tue beaucoup de mexicains, avec d'autres indiens.

"Je ne pouvais rappeler mes bien-aimés, je ne pouvais rendre la vie aux Apaches morts mais je me réjouis de cette victoire. Les Apaches avaient vengé le massacre de Kas-ki-yeh."


S'en suit une série de représailles d'un camp à l'autre, avec des périodes particulièrement compliquées et d'autres plus favorables. Une chose est sûre : Geronimo voue une haine farouche contre les Mexicains (on peut aisément le comprendre) et ne cesse de les harceler durant de nombreuses années. Il enchaîne les succès et les échecs, et ressors parfois de situations vraiment critiques. On ne peut qu'être admiratif d'un tel courage (ou d'une telle imprudence).

"Beaucoup de temps s'est écoulé mais je n'aime toujours pas les Mexicains. Avec moi, ils se sont toujours montrés déloyaux et criminels. Je suis vieux maintenant et je ne prendrai plus jamais le sentier de la guerre mais si j'étais jeune et si je pouvais prendre le sentier de la guerre, il me mènerait tout droit au Mexique."

Dans la troisième partie, Geronimo nous raconte ses premiers contacts avec l'homme blanc, qui sont apparemment assez sains. Mais rapidement, la lâcheté de l'homme blanc et sa capacité à mentir constamment en fait un ennemi à combattre. 

"La traîtrise des soldats avait irrité les Indiens et leur avait rappelé le souvenir d'autres trahisons, si bien que nous ne fîmes jamais plus confiance aux troupes des États-Unis."


En effet, Geronimo parle souvent de traîtrise de l'homme blanc et de mensonges, et on peut aisément se dire qu'il dit la vérité. Des combats violents éclatent entre les deux camps, Geronimo est fait plusieurs fois prisonnier, parvenant à chaque fois à s'enfuir. On lit tous ses combats avec passion et admiration, ne pouvait imaginer une seconde avoir une vie aussi fragile et trépidante que lui. Finalement, la tension des combats devient trop pressante, et les Apaches finissent par se rendre, lassés et fatigués de se battre pour survivre.

Voilà ce dit le Général Miles à Geronimo : "Le président des États-Unis m'a envoyé  pour vous parler. Il a entendu parler des difficultés que vous avez eues avec les hommes blancs et dit que si vous acceptez de faire un traité, il n'y aura plus de difficultés. Geronimo, si vous acceptez de faire un traité, tout s'arrangera à la satisfaction générale."

Le traité accepté, inutile de rappeler que l'homme blanc est encore menteur, faisant travailler durement les Apaches. Tout ce qu'avait promis le général Miles, la terre, les outils, la maison, le troupeau, tout cela n'est que mensonge... Geronimo est donc un prisonnier de guerre.

Enfin, la dernière partie, Geronimo parle des lois Apaches et de leur manière de vivre (danses, coutumes,...), avant de nous décrire une scène plutôt amusante : sa venue à l'exposition internationale. Je dis amusant parce que la naïveté de Geronimo envers le monde qui l'entoure est touchante.

"Dans un autre spectacle, des hommes étranges avaient des bonnets rouges et des épées curieuses, semblaient  vouloir se battre. Finalement, leur chef leur disait qu'ils pouvaient se battre. Ils essayaient de se taper sur la tête avec ces épées et je m'attendais à ce qu'ils soient blessés tous les deux ou même tués mais aucune d'entre eux ne fut blessé.  Il doit être difficile de tuer ces gens-là au corps à corps."


"Une fois, les gardiens m'emmenèrent dans une petite maison qui avait quatre fenêtres [Il parle de la grande roue]. Quand nous fûmes assis, la petite maison commença à bouger sur le sol [...] ils me dirent de regarder dehors et quand je le fis, je fus effrayé car notre petite maison était montée très haut en l'air et les gens en bas n'étaient pas plus gros que des fourmis [...] C'étaient de très curieuses petites maisons."


Plutôt touchant je trouve. Mais pas plus que les derniers mots de ce grand monsieur, qui a encore l'espoir que les choses s'arrangent un jour.

"Nous voudrions avoir le droit de retourner dans la terre qui est la nôtre de droit divin [...]. Nous ne demandons pas toute la terre que le Tout-Puissant nous a donnée au commencement mais qu'on nous en donne suffisamment pour faire de la culture [...]. C'est ma terre, mon pays, la terre de mes pères où je demande maintenant que l'on me permette de retourner. Je veux vivre mes derniers jours là-bas et être enterré dans ces montagnes. Si cela était, je pourrais mourir en paix en sachant que mon peuple, vivant dans sa terre natale, s'accroîtrait au lieu de diminuer comme à présent et que notre nom ne s’éteindrait pas [...]. Si seulement je pouvais voir cela se réaliser, je pense que je pourrais oublier toutes les injustices qui m'ont été faites et moi, vieil homme, je mourrais content et heureux."

Hélas, son souhait ne sera pas exaucé, et aujourd'hui, les usurpateurs blancs sont ceux que l'on appellent les Américains, la première puissance mondiale, capitaliste jusqu'aux bouts des ongles, puissance née dans le sang et par le sang du génocide des amérindiens. Il n'y a pas plus à dire.

CONCLUSION
Ce témoignage poignant et touchant est d'une grande valeur, et cet ouvrage est donc fort logiquement une grande réussite. Quelle fierté d'avoir l'histoire d'un grand homme comme lui dans ma bibliothèque, qui a enduré les pires mensonges, les pires traîtrises, les pires combats. Jeune, il était libre, heureux et épanoui. Vieux, le voilà prisonnier, malheureux et usé par le mensonge des blancs. Une telle vie mérite d'être lue. Et si je pouvais m'adresser à l'Homme blanc (rien de péjoratif) une bonne fois pour toute, voilà ce que je lui dirais : Ne reproduisons plus ces terribles erreurs du passé. Non, notre place n'est pas partout en ce monde. Non, toutes les terres, même inexplorées ou mal exploitées, ne nous appartiennent en aucun cas. Et non, toutes ces vies qui étaient là bien avant nous, n'ont pas à subir les conséquences de nos mauvais choix.



4 commentaires:

  1. Une chronique excellente pour un ouvrage excellent, qui mériterai d'être lu de tous. Bonne idée d'inclure une partie plus historique à ton blog :)

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  2. Il a l'air génial! Tu donnes vraiment envie de le lire!

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    1. Merci, ça fait plaisir. Si tu le lis j'espère que tu me donneras ton avis ^^

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